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Catégorie : Coteaux d'Aix en Provence
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Si Cézanne a immortalisé la Sainte-Victoire qui domine la ville d'Aix-en-Provence, le vignoble aixois, lui, a bénéficié des faveurs du Roi René, également nommé le Roi vigneron.

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Tout comme les Comtes de Provence avant lui, le monarque portait en effet une attention toute particulière aux vins d'Aix-en-Provence. Quelques siècles plus tard, en 1946 précisément, ces vins sont baptisés " Coteaux du Roi René " puis obtiennent l'appellation VDQS Coteaux d'Aix en 1956, et enfin, l'Appellation d'origine contrôlée par décret du 24 décembre 1985. Le vignoble de 4000 hectares produit à 60 hl/ha maximum, 30% de vin rouge, 65% de vin rosé et 5% de vin blanc. Les Coteaux d'Aix continuent leur progression dans la production de rosé puisque l'engouement des amateurs se pose là. Pour les satisfaire, certains vignerons ont créé une cuvée plus légère, dans l'air du temps, sans abandonner la cuvée de saignée qui fait leur renommée.

Tendance du millésime

En 2010 l’AOC Coteaux d’Aix-en-Provence a produit 205 500 hl soit l’équivalent de 27 million de bouteilles : 82% en rosé, 14% en rouge et 4% en blanc. La filière viticole représente 12 caves coopératives et 75 caves particulières (source CIVP). Les blancs sont plutôt sur les fruits jaunes et les agrumes ; quelquefois pourvu d’une belle rondeur, ils ont ce même caractère frais et croquant qu’ont les rosés. Les rosés ont souvent des robes soutenues, sur les notes corail et bleutée mais de plus en plus claires comme le veut la nouvelle consommation. Fruités plus que floraux, souvent intenses, leurs nez sont sur les agrumes et les fruits rouges. Les bouches sont amples avec un bon support acide. A en voir les nombreux millésimes proposés à la vente, les vignerons d’Aix nous rappellent que leurs rouges sont des vins de garde. 2007, année bénie, présente des vins amples, puissants et complexes, ils ont de très belles expressions de fruits mûrs et sont au début de leur épanouissement. Les 2006 montrent du caractère par leur côté solaire et leur puissance ; ils offrent des arômes de garrigue, figue et cacao avec une bonne dose d’épices. Les quelques 2005 encore en vente sont en pleine apogée et doivent être bus ; ils représentent le plaisir de boire un rouge affiné, plus accessible grâce à une charpente moins solide. Les 2008 expriment le cassis, les épices et la violette dans un grain de moyenne puissance ; ils ont de l’élégance et de la fraîcheur et peuvent se boire dès maintenant. Les 2009 ont à n’en pas douter un fort potentiel de vieillissement. Malgré leur puissance et leur densité, ils sont équilibrés et flattent déjà le palais par des tanins ronds et mûrs, une saveur concentrée sur les fruits noirs et la cerise, des nuances chaudes et épicées, voire sauvages ; un beau millésime en perspective

A la découverte du Vin Cuit de Provence

C'est de l'antiquité que nous tenons de cuire le vin " estime dès 1600 Olivier de Serres ; en effet, la cuisson du moût portée à un degré de concentration plus ou moins élevée etait déjà connue chez les romains, les Egyptiens, les Syriens, les Grecs…

Au fil de l'histoire

Au Moyen âge, la cuisson du moût est pratiquée de façon certaine. Le moût cuit est utilisé à des fins culinaires. Le vin cuit apparaît associé aux fêtes de Noël en Haute Provence dans les écrits de la Comtesse de Lombardon - Montezan en 1761 qui l'évoque accompagnant les treize desserts au cours de cette soirée.Le XIX ème Siècle voit l'apogée du vin cuit en Provence. En 1829 le comte de Villeneuve estime que" 500 ha sont consacrés à ces vins et produisent environ 2000hl dans le département des bouches du Rhône.A la même période, un vigneron de Palette, M.Houchard se lance dans la commercialisation du vin cuit, qui, jusqu'alors était surtout élaboré pour la consommation familiale. Il sera suivi par d'autres producteurs . Ce développement coïncide également avec "le félibrige" mouvement culturel qui veut rendre au provençal son statut de langue: Le développement de la commercialisation du vin cuit au XIX ème posera la question de sa qualification. Si au début, le vin cuit est soumis au régime ordinaire à partir du XX ème siècle, l'administration fiscale qui va l'assimiler à une catégorie spéciale de vins . De fait, sa commercialisation va chuter peu à peu jusqu'à s'éteindre dans les années 50. Afin de relancer la production et pour contrer des produits "usurpateurs" le Syndicat de défense des vins de Palette va tenter une demarche de cetification qui echouera à deux reprise.. A la fin des années 70 un vigneron du Puy Ste Réparade renoue avec la coutume du vin cuit Cet exemple sera suivi par d'autres vignerons et timidement, le vin cuit reprendra la place qu'il tient traditionnellement dans la culture provençale. Aujourd'hui une vingtaine de producteurs de différentes appellations provençalescommercialisent ce produit et d'autres vignerons semblent tentés par l'expérience

La préparation

Le moût est chauffé à feu direct dans un chaudron en cuivre. Quand il commence à bouillir, il se produit une écume à la surface susceptible de donner un mauvais goût au vin. Il faut l'enlever au fur et à mesure qu'elle se forme.La cuisson doit être conduite très lentement à feu doux régulier pendant plusieurs heures afin d'éviter tout coup de feu qui donnerait un goût de brûlé ou une caramélisation exagérée.Il faut suivre une surveillance continuelle car une fois l'ébullition commencée, elle doit rester ininterrompue jusqu'à ce que soit atteinte la concentration recherchée. Celle ci peut varier de 30 à 55% suivant les années, la richesse initiale en sucre du moût et le goût du vinificateur. La cuisson terminée, le moût est fouetté quelques minutes afin de faciliter l'aération nécessaire pour l'ensemencement de nouvelles levures. Le moût doit reposer 48 h pour permettre le dépôt du tartre. Il est ensuite versé dans des tonneaux sans trop les remplir afin de laisser ce moût en large contact avec l'air. Il est conseillé d'ensemencer ce moût (traditionnellement on utilisait un pied de cuve). La fermentation doit se dérouler autour de 20 ° jusqu'au blocage de l'activité des levures par l'alcool. Cette fermentation peut être très longue ; elle peut durer jusqu'à un an.Pour élaborer le vin cuit, seuls les cépages traditionnels provençaux sont utilisés