Histoire
du vin en Vallée du Rhône
Présente depuis l’Antiquité
en Vallée du Rhône, la vigne a donné naissance à
des vins aujourd’hui renommés dans le monde entier.
En Vallée du Rhône, l’origine de la vigne est fort ancienne. Probablement introduite par les Phéniciens 600 ans avant Jésus-Christ, elle n’est véritablement cultivée qu’après la conquête romaine.
En plus de tracer des routes et de créer des villes, les Romains plantent du blé sur les plaines fertiles, de la vigne et de l’olivier sur les terrains moins riches et difficiles d’accès. La proximité du Rhône et de la Durance permet des échanges commerciaux avec l’Italie. Pline l’Ancien loue la qualité des vins issus des coteaux qui bordent l’Ouvèze : Violès, Rasteau, Roaix, Vaison la Romaine, Séguret, Sablet, Beaumes de Venise ou encore Gigondas. Mais ces progrès portent tort aux grandes régions de production italiennes.
C’est pourquoi l’empereur Domitien, au 1er siècle,
ordonne un arrachage massif des vignobles. Cette décision a néanmoins
un effet bénéfique : les vignobles de plaine disparaissent
au profit des vignobles situés en coteaux, beaucoup plus qualitatifs.
L’arrivée des invasions barbares va malheureusement porter
un coup fatal au vignoble. Durant près d’un demi-millénaire,
la vigne n’est cultivée que très sporadiquement. La
renaissance se produit au IXe siècle grâce aux ordres religieux :
moines bénédictins, cisterciens, chartreux, moines soldats…
les abbayes redonnent vie au vignoble, améliorant les techniques
et, par conséquent, la qualité du vin.
Au
XIIIe siècle, le roi de France vend au pape Grégoire X le
Comtat Venaissin, un territoire compris entre le Rhône, la Durance
et le mont Ventoux, arraché aux comtes de Toulouse dans sa croisade
contre les Albigeois.
L’arrivée du Pape Clément V en Avignon, en 1309, marque
le début d’une longue période de prospérité
pour le vignoble. Durant un peu moins d’un siècle, les différents
papes créent ou rénovent des parcelles autour de leurs châteaux.
C’est ainsi que naît par exemple le vignoble de Châteauneuf
du Pape grâce à Jean XXII.
C’est sur la rive droite du Rhône, dans la région de Roquemaure, que naît au XVIIIe le nom de Côte du Rhône (au singulier). On appelle en effet la Côte du Rhône cette région située à proximité du fleuve. Les vins y sont réputés et, peu à peu, exportés partout en France et même à l’étranger. Le mot sera par la suite utilisé au pluriel pour l’ensemble des vins de la région. La vigne devient une source de revenu majeure. A partir de 1860, le développement du chemin de fer stimule encore davantage la production. Mais ce bel ensemble va connaître la plus grande catastrophe de l’histoire de la viticulture : le phylloxera qui anéantit une grande partie du vignoble, obligeant les vignerons à s’orienter vers la culture du blé, des abricotiers et surtout des cerisiers.
La reconstruction va heureusement se mettre en place mais avec de nouvelles
contraintes : il faut désormais greffer la vigne dont la conduite
nécessite beaucoup plus de travail. De petites propriétés
en polyculture côtoient de grands domaines qui, peu à peu,
vont se spécialiser en viticulture.
La grande crise viticole de 1907 n’épargne par le vignoble
rhodanien qui, malgré tout, retrouve une certaine prospérité
durant la Première Guerre mondiale. Les premières caves
coopératives apparaissent durant les années vingt.
Durant
ces années naît également le mouvement qui donnera
naissance aux appellations d’origine contrôlée grâce,
notamment, au Baron Pierre Le Roy de Boiseaumarie, principal acteur de
la promulgation de la première AOC rhodanienne : Châteauneuf
du Pape (1936) avant même celle des Côtes du Rhône (1937).
De ces années là date également l’appellation
Tavel mais aussi Saint Peray, Château Grillet, Hermitage, Crozes
Hermitage, Cornas, Côte Rôtie et Condrieu. D’autres
appellations verront le jour après la Deuxième Guerre mondiale
comme les Vins doux naturels de Rasteau et Beaumes de Venise, ainsi que
Lirac et Saint Joseph.
L’appellation Côtes du Rhône Villages est créée
en 1966 tandis que Gigondas devient le quatrième cru des Côtes
du Rhône en 1971. D’autres suivront comme Vacqueyras (1991)
et, plus récemment, Beaumes de Venise (2005) et Vinsobres (2006).
Des appellations distinctes des Côtes du Rhône se verront
également consacrées en Vallée du Rhône comme
les appellations du Diois, les Côtes du Ventoux, les Coteaux du
Tricastin, les Côtes du Luberon et les Costières de Nîmes.