Balades vigneronnes Strade Vignaghjole Depuis la plus haute antiquité, la vigne fait partie des cultures traditionnelles de l'île. Phéniciens, Phocéens, Carthaginois, Romains, encouragèrent successivement son développement. Ainsi six siècles avant notre ère, les Grecs faisaient du vin d'Alalia (Aléria) un de leurs breuvages favoris. Deux mille six cent ans et quelques occupations plus tard, la viticulture corse égrène, année après année son chapelet de belles réussites. D'Ajaccio au Cap Corse, de Calvi à Figari en passant par Patrimonio et la Costa Serena, la diversité des paysages, des cépages et des climats confère aux vins de l'île une richesse qui n'a d'égale que la beauté des sites qui les entourent. Embarquement immédiat pour une balade vigneronne et, bien évidemment, celui qui conduit reste sobre. Un "Patrimonio "viticole d'exception. Balagna : " paese di vinu " En quittant Patrimonio, ne vous laissez pas séduire par la route fastidieuse de la côte, empruntez plutôt la national 197 dite " balanine ", elle vous conduira sur une terre jaune d'or, a terra di Balagna. Une terre fière de ses traditions et riche de sa modernité qui arbore ses villages tels des joyaux sur du cristal de roche. La vigne est une vieille amie de cette terre de Balagne, une vieille amie, car le vin produit sur ces terres bordant les vallées alluvionnaires de la Figarella et du Reginu, avait déjà une bonne notoriété du temps de Virgile. Au Moyen-Age, le vin dit des "Prove", dans le haut Régino étant réservé aux fines gueules qu'étaient les évêques. Considérée par certain comme la Toscane de la Corse, la Balagne abrite des terroirs bien ordonnés entre la mer et les plus hautes montagnes de l'île.. La vigne qui a prospéré sur les flancs dans du roc de gravier, d'argile et de limon est essentiellement complantée de Sciaccarellu, de Niellucciu, de grenache et de Vermentinu. Œnologiquement parlant, on s'orientera vers les rosés et les rouges. Les rosés qui se déclinent ici sur une vaste palette allant du rose bonbon au rosé gris offriront a vos repas d'été une touche de fraîcheur indispensable. Quant aux rouges, ils s'affichent fièrement grâce à leur puissance et leur complexité. Des qualités qu'il doivent essentiellement à l'ingéniosité des assemblages. Car ne dit-on pas que de la diversité naît la richesse ? Ainsi sous la houlette de sa dizaine de jeunes vignerons, la viticulture balanine est aujourd'hui l'une des plus dynamiques et des plus inventives de l' île. Ajaccio : des coteaux entre mer et monts Après avoir apprécié les calanches de Piana, vous remonterez sur les hauteurs de Sari d'Orcino. C'est là à quelques 800 m que débute l'appellation Ajaccio. Cette zone qui s'étire du Golfe de Porto à la rive nord du golfe du Valinco, en s'ouvrant sur la mer par les deux plus grands golfes de Corse ceux de Sagone et d'Ajaccio abrite une dizaine de viticulteurs récoltants vinifiant dans leur propre cave. On y dénombre quelques-uns des plus vieux domaines qui ont fait la renommée des vins corses et des parcelles de vigne considérées comme de véritables archives ampélographiques. Cépage spécifique et orgueil du vignoble Ajaccien, le Sciaccarellu donne sa typicité au rouge et au rosé : une robe claire, mais de l'étoffe et du feu et une distinction remarquable. Qu'ils soient produits en Cinarca, Gravona, ou encore dans Taravo , les vins de l'appellation affichent une belle homogénéité, les cépages prévalant ici sur les diversités micro régionales ou les modes de vinification. Les vins du sud Après avoir franchi la vallée du Taravo, à la bocca di cilaccia vous voilà dans l'air d'appellation Sartène. Sciaccarellu, Nielluciu, Barbarossa, Vermentinu , donnent ici des vins étoffés, à la forte personnalité et d'un velouté remarquable. Les rouges sont bien charpentés, les rosés ont du corps et les blancs sont amples et bouquetés. Ils avaient déjà les faveurs de la table impériale. Sous la houlette de jeunes vignerons dynamiques, la viticulture sartenaise renoueavec le lustre d'antan. Après avoir admiré le merveilleux lion de Roccapina, vous poursuivrez vers l'est afin de découvrir le vignoble le plus méridional de France et aussi le plus ancien puisque les premières vignes y sont apparues dès le 6ème siècle avant note ère : le vignoble de Figari. Formé d'un plateau granitique très ancien, ce terroir venté et particulièrement sec, abrite de nos jours l'ensemble des cépages corses traditionnels, mais aussi l'atypique Carcajolu Neru. Sous l'influence de jeunes vignerons désireux de redonner à cette terre son statut de grand terroir, il est passé du statut d'appellation prometteuse, a celui d'exemple de réussite. Cette vigne qui semble pousser à la seule force des hommes produit des rouges charpentés et typés et des rosés et blancs d'une grande finesse. Des qualités que l'on attribue également aux vins de l'appellation voisine de Porto vecchio. Sur cette aire qui englobe Solenzara on a réussi à unir le Niellucciu et le Sciaccarellu, lesquels produisent avec le grenache, des rouges élégants et ronds, des rosés fins et arômatiques. Les blancs de Vermentinu, ne sont pas en reste: secs et très fruités, ils accompagnent à merveille les poissons du golfe de Porto vecchio. La costa serena Au cours de notre dernière étape nous découvrirons les crus de l'appellation Vin de Corse A.O.C. Si ce titre peut être donné aux vins produits par toutes les zones viticoles de l'île, c'est cependant la zone littorale qui s'étend du nord de Porto-Vecchio, au sud de Bastia et sur les coteaux intérieurs du Golo, qui assurent la plus grosse partie de la production. Complantée en grande partie par les cépages insulaires Niellucciu, sciaccarellu, Vermentinu, elle accepte une proportion importante de cépages importés et principalement méditerranéens type : Grenache, Cinsault, Syrah, Carignan. Grâce à d'importantes restructurations et un contrôle rigoureux de la production, cette zone offre désormais de beaux exemples de réussite qui préfigurent sans doute la viticulture corse du troisième millénaire.
|
|||||